Les raisons de l'éviction de Lucien Favre de l'OGC Nice

Jamais à l'aise depuis son retour à Nice en juin, affaibli par les résultats et un contexte compliqué, l'entraîneur suisse Lucien Favre a été évincé ce lundi. Les dirigeants azuréens ont décidé de trancher après l'élimination en Coupe de France samedi au Puy (N) (0-1).

Revenu en juin dernier à Nice, en portant le souvenir flamboyant de ses deux belles saisons sur le banc du Gym, de 2016 à 2018, Lucien Favre suscitait beaucoup d'espoirs et il a connu énormément de problèmes. Il ne reste rien des promesses nées du retour de l'entraîneur, surtout pas après la déprimante élimination en 32es de finale de Coupe de France au Puy, club de National [0-1, samedi). et c'est ce désastre qui a poussé les dirigeants niçois à engager une procédure de licenciement hier.

Les têtes pensantes d'Ineos, propriétaire du club, avaient déjà songé à le renvoyer en septembre, quand elles avaient approché Mauricio Pochettino. L'Argentin avait refusé et Favre était resté par défaut, avant d'être conforté en novembre par Florent Ghisolfi, le nouveau directeur sportif nommé en octobre par les Britanniques d'Ineos, qui n'ont jamais été pleinement convaincus par Favre.

Son éviction déjà étudiée pendant la Coupe du monde

Garant d'un jeu offensif aux principes séduisants, le Suisse était le choix du président Jean-Pierre Rivère, qui avait tout mis en oeuvre pour voir son ami succéder à Christophe Galtier, sur la base d'un projet ambitieux qui devait apporter résultats et plaisir. Enthousiaste. le technicien assurait en juin que Nice avait les moyens de rivaliser avec les meilleurs d'ici à deux ans, sans limites, mais il a vite déchanté et son équipe ne lui a jamais ressemblé. Seulement onzième de L1, largement dominée par Rennes dans des proportions que ne montre pas le score (1-2, le 3 janvier), elle était même en ruine samedi au Puy, et ce triste spectacle avait des allures de crépuscule.

Après avoir échangé dimanche avec le board d'Ineos jusque tard dans la soirée, les décideurs du Gym ont tranché et Favre a dirigé sa dernière séance hier matin. Informé de son départ dans l'après-midi, il n'aura pas été protégé longtemps par la série de huit matches sans défaite, achevée à Rennes, qui lui avait permis de passer la trêve liée à la Coupe du monde. Son éviction avait déjà été étudiée à ce moment-là mais les dirigeants avaient préféré retenir les signaux positifs, qui ont totalement disparu à la reprise.

Trop éloigné des jeunes joueurs

Alors qu'il s'était plaint de la façon dont son effectif avait été construit dans la précipitation à la fin du mercato estival, Favre n'a pas profité de la coupure pour faire progresser son groupe. Il en avait pourtant enfin le temps, mais il n'a jamais su transmettre sa science tactique aux jeunes joueurs dont il n'a pas les codes. ll n'était déjà pas très proche d'eux quand tout allait très bien, de 2016 à 2018, mais il était alors mieux entouré et c'est pour corriger cette lacune que Didier Digard, entraîneur de la réserve, avait été promu à son côté pendant la trêve.

Après trois matches comme adjoint, Digard [36ans) va désormais diriger l'équipe et il débutera demain contre Montpellier [21 heures), accompagné par Julien Sablé. qui lui avait succédé à la tête de ta réserve. L'ancien Stéphanois remplace Christophe Moulin, qui part avec Favre après être arrivé avec lui, et ce nouveau staff ne sait pas combien de temps il restera en place. « Tout est envisageable », souffle-t-on au club, qui sait que la quête de l'entraîneur idéal est difficile. Personne ne veut se précipiter au Gym, où on souhaite que le nouveau technicien incarne à long terme les ambitions qui tardent à se concrétiser sur le terrain.

A court terme, on espère encore que la saison, mal embarquée en L1 où la 5e place est à 11 points, sera éclairée par une épopée en Ligue Europa Conférence. La qualification pour les huitièmes de finale, qui auront lieu en mars, est la seule réussite de Favre, qui est apparu de plus en plus usé au fil des semaines. Très conscient de l'estime toute relative que lui portait Ineos, incapable de gérer au quotidien des problèmes qui le dépassaient, l'entraîneur fragilisé se contentait de conférences de presse minimalistes qui reflétaient un certain malaise. Sa dernière, au Puy, l'avait montré abattu, sans solution pour redresser des joueurs qui ne répondaient plus. Ils devront désormais réagir sans lui et il y a du boulot.