Les attaquants sous pression

La piqûre de rappel administrée par Antonetti aux buteurs niçois, muets depuis le début du Championnat, va-t-elle avoir l’effet escompté ?

À LA PLACE de Frédéric Antonetti, beaucoup noieraient le poisson. Pour expliquer l’inefficacité de l’OGC Nice, lanterne rouge du Championnat et auteur de seulement six buts, on aurait droit au sempiternel : c’est avant tout un problème collectif et tout le monde doit se sentir concerné. L’entraîneur corse, lui, cerne clairement les responsabilités.
Si Nice ne marque pas, c’est d’abord la faute des attaquants dont aucun n’a encore trouvé le chemin des filets. « La performance de nos attaquants est insuffisante, dit Antonetti. Et ils sont tous responsables. Bellion et Koné autant que Moussilou. Et même Souleymane Camara (souvent remplaçant) qui ne profite pas de la situation. »
Résultat : pendant les deux semaines qui viennent de s’écouler, les Niçois ont « bouffé » du travail spécifique devant le but dans l’espoir que le déclic survienne face à Lorient. Une rencontre capitale pour tous et un match spécial pour Bakari Koné. Il jouera face au club qui l’a fait connaître en France et contre un entraîneur, Christian Gourcuff, avec lequel il discute chaque semaine.
« Mais les retrouvailles passent au second plan, dit-il. Ce qui compte, c’est qu’on gagne et que nous, les attaquants, marquions enfin. L’entraîneur nous a mis devant nos responsabilités mais on sait, de toute façon, qu’on ne peut pas continuer comme ça. Si l’équipe ne marque pas, les premiers fautifs ce sont nous, les attaquants. »
Un discours à rapprocher de celui de David Bellion. L’ancien de Manchester sait que lui et ses copains sont en première ligne : « Si on nous a fait venir, c’est pour finir le travail et marquer des buts. Alors, forcément le fait de ne pas y parvenir est perturbant. Je suis déçu et frustré par la façon dont les choses se passent. »
Les mêmes sentiments affectent Matt Moussilou, arrivé de Lille avec une réputation de chasseur de buts mais que son inefficacité et le prix de son transfert (4 millions d’euros), ont désigné comme la tête de Turc du stade du Ray. « Je sais que je n’apporte pas ce qu’on attend de moi et que le bilan n’est pas bon, reconnaît celui qui avait inscrit 22 buts toutes compétitions confondues sous le maillot du LOSC. Je suis le premier mécontent, je me sens responsable et je comprends la piqûre de rappel du coach. Il connaît notre potentiel et ça l’énerve qu’on ne l’exprime pas. Pourtant, je me suis bien adapté, j’ai les opportunités mais je suis “ guignard ”. » Ce soir, la beauté du geste lui importera peu. Moussilou ne demande qu’une chose : que le ballon franchisse enfin la ligne.

Jean-Pierre RIVAIS
L'Equipe