Les Girondins vendangent

En dépit de moult occasions et d'une heure à onze contre dix après l'expulsion de Jeunechamp, Bordeaux n'a pas trouvé la faille face à des Niçois courageux (0-0). Le dauphin assure quasiment sa qualification en C1 mais laisse filer une occasion en or de fondre sur Lyon, tenu en échec par Caen (2-2).

BORDEAUX-NICE : 0-0

A quatre journées de la fin, Bordeaux a manqué le coche et le mot est faible. Dans leur antre de Chaban-Delmas, où ils restent invaincus depuis plus de six mois, toutes les conditions étaient pourtant réunies pour donner aux Girondins une chance inespérée de fondre sur Lyon, qui arrachait dans le même temps un nul à dix contre Caen (2-2). Un public des grands jours affichant une ferveur sans faille. Les stats aussi face à des Aiglons qui ne s'étaient plus imposés en Gironde depuis 1977, arrachant un seul nul en trois décennies au milieu d'une brochette de défaites. Mais surtout les circonstances de jeu.

Lorsque Jeunechamp est expulsé pour une charge sur Wendel (30e), la formation de Laurent Blanc semble reprendre le dessus après un départ poussif où Ederson d'une frappe de mule (3e) puis Hellebuyck d'un coup-franc lumineux (17e) ont eu l'occasion de donner un coup de froid dans la chaleur estivale. Bien organisés au milieu, les Girondins peinent dans le jeu face à une défense formée de deux de rideaux de 4 des Azuréens. Sur un centre de Bellion, l'inspiration de Fernando est bien là, mais la maestria de Lloris aussi (12e).

Pris en tenaille dans l'axe, Bordeaux passe la vitesse supérieure sur les côtés, mais lorsque Bellion délivre un caviar, la tête de Kanté enlève la joie d'une reprise magistrale à Wendel (22e). A onze contre dix, des espaces se créent, mais le courage des Niçois comble les brèches et lorsqu'une frappe de Fernando met le feu, Lloris éteint l'incendie (35e). Pourtant, informés de la surprise caennaise, Bordeaux ne lâche rien et sait qu'un but peut les ramener à un point du leader lyonnais, poussé dans ses derniers retranchements après six années de règne sans partage.

L'expulsion de Jeunechamp

Tout au long d'un second acte se résumant à une longue partie d'attaque-défense, Blanc et les siens croiront dix fois à leur cinquième victoire de rang avant d'être dix fois déçus. La tête de Bellion sur un centre piqué de Cavenaghi (48e), les frappes en pleine course de Wendel (57e) puis Micoud (65e) n'accrochent pas le cadre. Et lorsque la précision est au rendez-vous, Lloris montre l'étendue de sa classe sur un éclair de Bellion (58e), ou un lob piqué d'Alonso (73e). A dix, Nice, défait qu'une seule fois en treize déplacements, plie mais ne rompt pas. Même privés de Koné et Laslandes, puis d'Ederson, touché au mollet (65e), les Aiglons s'accrochent...à un fil !

Le ballon trouvera même le fond des filets, mais M. Layec refuse le but pour une main de Cavenaghi, également auteur d'une charge sur Lloris (75e). Et quand Lloris est battu, le poteau se charge de renvoyer Cavenaghi à ses espoirs perdus (90e). Bordeaux aura tout tenté. En vain. Certes, ce nul lui garantit quasiment une place en Ligue des Champions, qui s'était cruellement dérobé l'an dernier après une fin d'exercice calamiteux. Certes, rien n'est encore tout à fait perdu dans sa quête d'un titre historique. Certes, sa défense, une nouvelle fois intraitable, n'a pas tremblé et son attaque a été inspirée. Mais dans la quête d'un succès capital, il suffit parfois d'un petit rien. D'un grain de sable. D'irréductibles Niçois.

Julien BIGORNE
Eurosport